Le programme « villes sans bidonvilles » : un échec ?

A quelques mois de la date limite pour la suppression définitive des bidonvilles, les résultats escomptés ne semblent pas être au rendez-vous. Et pour cause, les bidonvilles et habitations anarchiques continuent de meubler la majeure partie des villes du Maroc.Selon les résultats du bilan réalisé en juin dernier, par le ministère de l’habitat, de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire, le programme VSB affiche des résultats relativement bons avec un taux de réalisation du programme qui se chiffre à 69%. La persistance de quelques blocages et dysfonctionnements est néanmoins relevée. Pour Taoufiq Hejira «Ce programme, initié conformément aux Hautes orientations royales, qui a atteint sept ans, a permis d’aboutir à des résultats bons et encourageants grâce à l’implication de tous les partenaires et les départements concernés…Et ce malgré quelques contraintes liées à l’augmentation du nombre des familles ciblées, au foncier, ou d’ordre technique, financier ou institutionnel».Lancée en 2004, le programme VSB a déjà permis de reloger 177 446 ménages. Il devrait également permettre de reloger 61 600 familles. A noter qu’aucune disposition n’a été prise pour 24 780 ménages. L’état d’avancement varie en fonction des villes. Dans plusieurs cas de figure, ce dernier peine à dépasser la barre des 9%. Exemple des villes de Casablanca ou encore de Salé.Les explications officielles mettent souvent en avant l’augmentation du nombre de ménages ciblés, la hausse du prix du foncier, la lenteur administrative en matière d’expropriation, ou encore l’occupation illégale de certains terrains initialement prévus pour le relogement. L’ensemble de ces éléments biaiserait en quelques sortes les prévisions initiales, ce qui ne manque pas de se répercuter sur les délais de réalisation du programme VSB. Pour certains observateurs, certes il y’a des raisons d’ordre technique et pratique voire dans certains cas conjoncturel qui entravent l’éradication des bidonvilles. Il n’en demeure que des raisons politiques peuvent également expliquer ce retard. Les bidonvilles constituent souvent, du pain béni, un endroit rêvé pour remporter des voix aux élections. Autre raison, l’inadéquation des logements proposés avec les demandes et le mode de vie des personnes issues des bidonvilles. En effet, les 50 m2 à l’étage, proposés à des familles nombreuses ne semblent pas faire le poids à côté des habitations « libres » et « anarchiques » auxquelles elles étaient habituées. Peut être serait il plus opportun pour les concepteurs et  responsables du programme de concevoir des logements plus à même de répondre aux attentes de ces familles !