Voyance et politique, un couple inséparable ?

A quelques mois des élections législatives, s’il est une profession qui ne chôme pas, c’est bien celle des voyants, fkih et autres « chouafates », qui sont désormais consultés régulièrement par les candidats potentiels. Que ce soit pour obtenir la « grâce » des suffrages, ou bien pour compter sur l’enthousiasme des « foules en liasse », les candidats ne lésinent pas sur les honoraires attribués aux spécialistes en divination et autres fabriquant de talismans (« Bzimes » ou bien « tbareds ») , afin que ces derniers leurs garantissent la victoire à l’automne prochain . Homme le plus recherché en ce moment : le « fkih » Al Haj Taëb, un fin lettré originaire du souss spécialisé dans la classe politique, qui accompagnerait de ses « conseils » nombre de hauts responsables, voire de ministres présents dans le gouvernement actuel. Seul hic, le Fkih est difficilement accessible et choisit avec soin ses « clients », auxquels il ne demande pas d’argent, mais à qui il recommande de faire des « donations  en nature » à sa zaouia sise dans les montagnes  sous forme de constructions, forage de puits, édification d’école, fournitures scolaires pour les enfants et autres gratifications. Depuis plusieurs semaines, un bien curieux ballet s’organise, puisque un candidat à la fonction de premier ministre tente par tous les moyens d’obtenir une entrevue avec le Haj Taëb, ce dernier refusant catégoriquement de le recevoir, estimant qu’il n’est pas « dignes » de le rencontrer, et qu’ils serait prêts à « trop de compromissions » s’ils accédait au pouvoir. Ce  candidat, qui se rêve déjà en « super premier ministre » – malgré un bilan mitigé à la tête de son département ministériel depuis 2007 – serait déjà en train de chercher une solution de rechange en se tournant vers une célèbre voyante juive marocaine qui officie dans la vielle ville de Rabat, et qui facturerait ses prestations près de 5000 Dirhams par séance. L’homme a ainsi été vu sortant du « cabinet » de ladite voyante, cette dernière lui ayant recommandé d’arrêter de …fumer, le candidat étant atteint d’une tabagie haletante. Il faut dire que cette recommandation aurait pu tout aussi bien lui avoir été faite par un médecin qui facture à 200 DH, mais qu’importe l’argent, pourvu que l’on puisse deviner dans les boules de cristal de quoi demain sera fait en ces moments de grande incertitude électorale.