Le Maroc va autoriser l’avortement dans des « cas de force majeure »

Le roi Mohammed VI a donné son feu vert pour l’adoption d’une législation encadrant les interruptions de grossesse en les limitant à des « cas de force majeure » conformément aux préceptes de l’islam et aux valeurs de la société marocaine.

avortementDans ce sens, le souverain a reçu vendredi le ministre de la Justice et des libertés, le ministre des Habous et des affaires islamiques et le président du CNDH. Les trois responsables ont soumis les résultats des larges consultations et des débats sur la question de l’avortement dont le roi Mohammed VI les avait chargés.

Une démarche consultative dont l’objectif était de formuler un avis objectif et sage donnant la priorité à l’intérêt supérieur de la famille et des citoyens. Car il s’agit d’apporter les réponses appropriées au nombre d’avortements clandestins qui ne cessent de croître avec des conséquences souvent dramatiques sur le plan social et sanitaire.

Et si à l’issue de ces consultations, une « écrasante majorité » a penché pour la criminalisation de l’avortement clandestin, elle a en même temps laissé la porte ouverte à quelques cas de force majeure. En premier lieu lorsque la grossesse constitue un danger pour la vie et la santé de la mère, ou si la grossesse résulte d’un viol ou de l’inceste, et enfin dans le cas où le fœtus risque de contracter de graves malformations ou des maladies incurables.

Le souverain a ainsi ordonné de « traduire les conclusions de ces consultations en un projet de dispositions juridiques ». Celles-ci faisant prévaloir les vertus de l’Ijtihad, l’adaptation aux évolutions que connait la société marocaine et à ses valeurs fondées sur la modération et l’ouverture et en tenant compte de son unité, sa cohésion et ses spécificités. L’objectif est d’inclure ces dispositions juridiques dans le code pénal, dont la révision fait actuellement l’objet d’un large débat.

Toutefois, la loi ne pouvant à elle seule constituer un frein contre l’avortement, le souverain a insisté sur l’indispensable effort de sensibilisation, de prévention et de vulgarisation des connaissances scientifiques et d’éthique sur la question en vue d’immuniser la société contre les causes de ce phénomène.