Syndicats : une grève pour rien ?

Les syndicats seront allés jusqu’au bout de leurs menaces de grève générale et, de son côté, le gouvernement a maintenu le cap contre vents et marées, sans que la position de l’une ou l’autre partie n’apporte un début de solution aux problèmes qui se posent.

syndicatssEn attendant d’évaluer l’ampleur du débrayage et ses éventuelles répercussions sur les secteurs sensibles, en tête desquels l’administration, le transport urbain,… le gouvernement pointe des motifs politiques derrières l’action des syndicats. Pourtant, les problèmes sociaux sont bien réels. Car si la tension entre les deux camps était latente, c’est le projet gouvernemental sur la réforme des régimes de retraite qui l’a exacerbée. D’ailleurs, les syndicats accusent le cabinet Benkirane de n’en faire qu’à sa tête sur la question des retraites, ce que réfute catégoriquement le gouvernement.

Sur le front social, le mécontentement était perceptible depuis plusieurs mois déjà. Les hausses répétitives des prix des hydrocarbures ont eu raison du pouvoir d’achat et de la patience des couches les plus vulnérables. L’effet d’entrainement sur pratiquement tous les autres prix est d’autant plus lourd à supporter qu’il n’y a pas eu d’accroissements correspondants au niveau des salaires.

Parallèlement, le gouvernement a poursuivi sa politique de réduction des subventions sur les produits de grande consommation. Une tendance qui devrait se maintenir dans le budget 2015. L’objectif de l’exécutif demeure, certes, de réduire le déficit public, mais cela a abouti à la dégradation du pouvoir d’achat des catégories à revenu faible ou même intermédiaire.

Au niveau politique, Abdelilah Benkirane aura visiblement à supporter les conséquences de ses choix de rétablissement des équilibres macroéconomiques, mais néanmoins franchement antisociaux. Cela se traduira par une perte du capital sympathie dont il pouvait se prévaloir auprès des électeurs qui ont voté pour lui et son parti, le PJD.

Quelle qu’en soit l’ampleur, la grève de mercredi ne devrait manifestement pas changer grand-chose à la position du gouvernement et des syndicats. Un statu quo improductif que certaines voix suggèrent de corriger par l’instauration d’un « dialogue social permanent » qui aura l’avantage à la fois de la fluidité et de la continuité.