Le mouvement du 20 février subsiste-t-il à coup de financements occultes ?

Une réunion des membres de la coordination du mouvement à Casablanca Jeudi 19 mai, a failli tourner au vinaigre. Une vive polémique est née autour d’un E-mail dans lequel le milliardaire Karim Tazi, patron du groupe Richbond, fait part à Ghizlane Benomar, de son don de deux PC flambant neuf à la coordination, en insistant de rester dans l’anonymat. Pour des membres mécontents, ce n’est là qu’un infime geste de générosité parmi d’autres plus importants que reçoit la coordination du grand mécène, Karim Tazi.
Les mêmes membres ont vivement dénoncé le mode de gestion financière au sein de la coordination et s’inquiètent quand à l’origine et à la destination des dons qu’elle reçoit en nature (PC, imprimantes, caméras, porte-voix) et en espèce (argent liquide, chèques et virements). L’argent collecté sert à financer les travaux d’impression des banderoles, des tracts, des photos portraits, la création et l’hébergement de sites-web, à payer le transport et déplacements  des membres de la coordination, l’organisation de séminaires, meetings, conférences et soirées musicales etc.
Chaque manifestation coûterait à la coordination casablancaise, selon ces membres, pas moins de 100.000 DH. Mais d’où proviennent  tous ces financements occultes ? Officiellement, la coordination nationale et ses antennes locales ne reçoivent aucune aide ou subvention étatique. Ces mécènes du genre de Karim Tazi qui préfèrent agir dans l’anonymat, font-ils ces actes de générosité dans l’intérêt général du pays ou au contraire, pour régler des comptes avec certains hauts commis de l’Etat et des membres intouchables de l’entourage royal ? Où tout simplement cherchent-ils à amadouer les jeunes du 20 février pour ne pas être mis à l’indexe lors des manifestations ? Pourquoi les militants du mouvement du 20 février se focalisent-ils surtout sur certains noms proches du palais ou du Makhzen et épargnent  tous les autres corrompus de la société ?
Ce ne sont là que quelques interrogations qui méritent des réponses et mettent en doute la sincérité de ces coordinations qui poussent comme des champignons à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Nombre d’observateurs pensent que les jeunes qui les animent, sont à leur tour, indirectement corrompus de manière détournée à travers des dons généreux mais douteux. Ils seraient sournoisement  victimes de manipulations sordides orchestrées par des mafieux de tout bord, des hommes riches sans scrupules qui rêvent sans y parvenir, d’accéder au pouvoir et prennent ces jeunes « révoltés», comme passerelle pour écarter du jeu, certaines figures qui leur barrent le chemin de l’ascension, surtout à l’approche des prochaines échéances électorales. Ces jeunes «révoltés», estiment-ils, seraient aussi infiltrés et téléguidés par des éléments de la gauche radicale du genre Annahj Addimocrati et de l’extrême droite (islamistes d’Al Adl Wal Ishsane). Ils seraient aussi manipulés par d’autres prédateurs parmi l’élite politique, les milieux mafieux et les milieux d’affaires.
Le cas le plus illustratif de ces prédateurs est le richissime patron de Richbon, un groupe du textile, spécialisé dans la literie, Karim Tazi. Déjà connu pour son style de vie bling-bling, Tazi, poursuivi par le Fisc pour une révision sur un milliard de Dirhams, ne cache pas son animosité. Dans une interview parue le 26 février 2011 sur TelQuel, l’homme d’affaires casablancais s’est attaqué aux hommes du Makhzen, tout en prenant la défense des manifestants. Il déclarait en substance : « Je constate avec amertume  que ce mouvement a été mal perçu par les pouvoirs publics. Ces derniers ont d’abord fait passer les manifestants pour des mercenaires et des traitres à la solde du Polisario ou de l’Algérie (..) Ceci sans oublier les propos enflammés de certains ministres concernant cette marche et qui constituent de véritables actes de «Baltajia». C’est facile de crier au loup. A vous, de deviner le reste !