Réforme de la constitution : le 20 Février K.O debout

Près de trois mois après la création d’une commission spéciale chargé de réformer la constitution, c’est Mohammed VI en personne qui a tenu a rendre public les détails de la future constitution lors d’une allocution télévisée qui aurait, selon des sources proches de la télévision marocaine, cartonné les records d’audience, se rapprochant du niveau du discours historique du 9 mars dernier. Méthodiquement, Mohammed VI a énuméré les grandes avancées de la future constitution, qui représente un  tournant majeur dans l’évolution démocratique du pays, et qui répond aux revendications de la jeunesse et de la société civile. Côté répartition des pouvoirs, le Maroc sera désormais doté d’un super chef de gouvernement, qui portera le titre de Président du conseil. Ceci signifie que Abbas El Fassi, près de cinquante cinq ans après ‘indépendance du Maroc, sera le dernier premier ministre d’un souverain marocain. Au niveau des libertés, le texte fait la part belle aux droits fondamentaux en insistant sur la présomption d’innocence qui est désormais un droit constitutionnel inaliénable, ainsi que l’égalité hommes-femmes qui est renforcée. Côté royauté, le texte n’est pas exempt d’amélioration, avec une mesure symbolique très forte qui est le relèvement de l’âge de la majorité pour le prince héritier à 18 ans, à l’instar de ses « frères et soeurs marocains », comme l’a précisé Mohammed VI. Cette mesure est en phase avec la nouvelle caractérisation de la monarchie marocaine, qui devient selon le nouveau texte :« constitutionnelle, démocratique, parlementaire et sociale ». En d’autres termes, la monarchie se situe au cœur du Maroc, comme composante essentielle du peuple. Autre élément important, la suppression de la référence à la sacralité du roi, en la remplaçant par la formule, plus moderne et adaptée, de « respect et d’inviolabilité ». Ceci élimine donc de facto le fameux « Mass bilmoukadassate », souvent utilisé par les autorités et les services de sécurité.   Element troublant, Depuis le discours royal, le mouvement du 20 Février s’est fait très discret, alors même qu’il avait été d’un activisme forcené sur la toile ces dernières semaines. Serais-ce une indication que le mouvement serait arrivé à un seuil et ne peut désormais plus progresser ? Certains observateurs avertis semblent le croire, car une mesure anodine, qui n’a rien à voir avec la constitution, qui consiste à ouvrir le temps d’antenne des média publics à toutes les composantes de la société civile, et du monde politique ou associatif. Cette annonce, qui signifie que le mouvement du 20 février pourra s’exprimer librement sur les ondes, a eu pour effet de paralyser les têtes pensantes du mouvement  que sont les partis d’extrême gauche Annahj Addimocrati et le PSU, qui envisagent de cumuler les temps d’antenne des trois pour pouvoir être audibles…