Benkirane préfère botter en touche

benkirane (2)Botter en touche, c’est visiblement devenu pour le chef du gouvernement une routine. Peut être le meilleur moyen pour éviter de s’expliquer sur la lenteur, voire l’immobilisme du cabinet islamiste dans le traitement des problèmes qu’il qualifiait, il n’y a pas encore longtemps, d’absolument urgents.

La preuve de cette tendance a été donnée une énième fois dimanche par Abdelilah Benkirane, lors du lancement d’une activité de son parti, la caravane de communication du groupe PJD à la Chambre des Représentants. Une caravane que de nombreux observateurs ont vue comme une campagne électorale avant terme. Et, au lieu d’énumérer les mesures prises par le gouvernement pour faire face aux problèmes qui s’amoncèlent dans l’emploi, la santé, la justice, l’éducation…, Abdelilah Benkirane s’est étendu sur son sujet de prédilection : les obscurs milieux qui entravent l’action de son gouvernement. Une rengaine qui a de moins en moins de prise sur les opérateurs économiques, les syndicats et de larges pans de la société. Car aucun des dossiers dont le gouvernement s’est saisi depuis plus d’une année n’a enregistré de percée. Pas d’avancée dans la réforme de la caisse de compensation, devenue un gouffre financier pour la trésorerie publique. Aucune avancée non plus dans le traitement des caisses de retraite dont l’une, la Caisse Marocaine de Retraite (CMR), est d’ores et déjà entrée dans une phase de déficit technique. Sur le front social, les syndicats CDT et FDT ont décidé de manifester le 31 mars contre la dégradation du pouvoir d’achat des travailleurs.

Et pour ne rien arranger, la coalition gouvernementale n’arrive pas à se défaire des effets de sa malformation congénitale. Avec un allié comme Hamid Chabat, qui multiplie délibérément les accolades avec l’un des ténors de l’opposition, l’Ittihadi Driss Lachgar, on peut se demander si Benkirane ira bien loin.