Davos : ce que Benkirane a préféré taire

Davos ce que Benkirane a préféré taireLa prestation du chef du gouvernement Abdelilah Benkirane à Davos, donnant une image quasi idyllique de la situation au Maroc n’a pas manqué de susciter l’étonnement dans les milieux politiques, économiques et médiatiques.

Si effectivement la stabilité du Maroc est une réalité effective qui contraste nettement avec une région arabe en effervescence, il n’en va pas de même de la situation du gouvernement Benkirane lui-même. Car, l’impact du cabinet islamiste sur les réformes politiques et économiques promises tarde gravement à se concrétiser. Et ce ne sont pas les déclarations lénifiantes du genre « les choses vont progressivement dans la bonne direction », distribuées par Benkirane à Davos, qui feront oublier la réalité des énormes difficultés liées au chômage, aux carences abyssales de la balance commerciale, du déficit public, etc. Pour de nombreux observateurs, le plus affligeant c’est qu’en lieu et place des réformes promises, Benkirane et les islamistes du PJD se sont consacrés pratiquement depuis leur arrivée aux commandes, il y a plus d’une année, à des guerres inutiles contre l’opposition sur des questions tout à fait secondaires. Comme si devant la difficulté de la tâche, Benkirane préfère regarder ailleurs. Bien sûr, le chef du gouvernement se réserve le beau rôle en pointant de mystérieux « gens dont le rôle est de ralentir la cadence des reformes en marche ». Mais, les participants au Forum économique mondial ne sont pas dupes. Dirigeants politiques et grands chefs d’entreprises présents à Davos savent que les vrais problèmes sont plus concrets. Ils résident dans un déficit public intenable, des caisses de retraites au bord du gouffre, un système d’enseignement déficient… Autant de difficultés qui ne peuvent être surmontées sans des réformes audacieuses et une gouvernance rigoureuse. Mais sur ces points-là, le chef du gouvernement a préféré garder un mutisme prudent.