Libye: Bourita dénonce « l’interventionnisme cynique » et défend l’Accord de Skhirat comme une « référence »

Le Maroc a dénoncé, jeudi à Brazzaville par la voix du ministre des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita, « l’interventionnisme cynique » de certaines parties dans les affaires intérieures libyennes, soulignant que l’Accord politique de Skhirat constitue toujours une « référence suffisamment souple pour appréhender les nouvelles réalités ».

« La situation dégénère (…) au détriment de l’intérêt suprême du peuple libyen frère, qui en souffre dans sa chair. Mais, aussi au détriment des intérêts, des protagonistes libyens- qui sont tous dans le fond aussi patriotes les uns que les autres », a souligné M. Bourita qui a représenté le Roi Mohammed VI à la 8ème réunion du Comité de haut niveau de l’Union Africaine sur la Libye.

Sans cet interventionnisme, « la Libye est capable de se soigner », a souligné M. Bourita, réitérant la position du Maroc, qui se résume en quatre points.

Pour le Royaume, « de pseudo solutions toutes faites » ne peuvent régler le problème libyen et « les solutions ne peuvent être inspirées sans une connaissance des réalités, des nuances et des complexités du contexte libyen », a-t-il dit, notant que « le conflit en Libye n’est pas un champ d’expérimentation, ni une arène pour luttes sans rapport avec l’intérêt du peuple libyen ».

En deuxième lieu, la sortie de crise en Libye ne doit pas être envisagée par une solution militaire, mais « se fera à travers une solution politique globale, ou ne se fera pas ». Aussi, a ajouté le ministre, le Maroc réitère son « appel au retour à un dialogue politique, inclusif et structuré et sans tabous ».

D’autre part, « les efforts des Nations Unies sont à soutenir » et l’action du représentant spécial et chef de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye, Ghassan Salamé, « est à saluer », a affirmé Nasser Bourita dans le 3ème point de la position du Maroc.

Cependant, a-t-il enchaîné, « la contribution de l’Afrique à ces efforts » se révèle « fondamentale ». « L’Afrique ne peut évoluer à la marge d’un conflit qui se déroule dans son sein », comme elle « ne peut se contenter d’observer certaines commisérations qui ne convainquent personne, alors même que son intéressement est entier en une solution qui fait renouer la Libye avec son rôle panafricain, et qui prévient le risque sérieux de propagation », a-t-il souligné.

Quant au 4ème point de la position marocaine à l’égard de cette crise, M. Bourita estimé que « l’accord politique de Skhirat, du 17 décembre 2015, constitue toujours une référence suffisamment souple pour appréhender les nouvelles réalités. Une solution qui mette fin non seulement aux hostilités ouvertes, mais aussi aux rivalités dépassées, et permette d’unifier les forces militaires libyennes ».

« L’attachement fort et constant du Maroc à cet accord n’est pas un attachement égocentrique primaire à son appellation ou son lieu de signature », mais « s’explique par le fait que cet accord est le fruit de longues discussions entre libyens eux-mêmes et non le résultat de conciliabules diplomatiques », a-t-il expliqué.

« Sans complexes et sans réserves, le Maroc se joint à la dynamique en cours et réaffirme sa disponibilité à accompagner les parties libyennes sur la voie du dialogue et de la réconciliation nationale », a-t-il dit, faisant savoir que dans ce contexte, le Royaume « n’a pas d’agenda dans le conflit libyen. Il n’a que le regret sincère de le voir perdurer et la détermination désintéressée de le voir cheminer vers sa résolution ».