La privatisation de la RAM, un choix ou une obligation?

L’Etat marocain serait vraisemblablement, fin prête à céder à une compagnie aérienne des pays du Golfe, une partie des 54 % qu’il détient encore dans le capital de Royal Air Maroc (RAM). C’est l’information qui circule avec insistance à l’occasion de l’actuelle  visite du Roi Mohammed VI dans quatre pays du Moyen-Orient, membres du Conseil de Coopération du Golfe (CCG). Pour rappel, le Fonds Hassan II pour le Développement économique et social, a récemment participé à une augmentation du capital de la RAM à hauteur de 145 millions d’euros (1,6 milliard de dirhams). Il détient à ce titre, 44% du capital de la RAM. Du coup, la participation de l’Etat est passée de 95,90% à 54%. Cet apport financier devait servir à assainir les finances de la compagnie qui paraît être enfin sur la bonne voie et pourrait dégager pour la première fois depuis 2009, des bénéfices en cette année. Cependant, le gouvernement Benkirane qui est confronté depuis le début 2012, à un lourd déficit budgétaire, à un manque de liquidité et à un déséquilibre accru de sa balance commerciale, explore actuellement toutes les niches pour éviter de s’enliser dans une crise financière intenable. Parmi les scénarios envisagés, l’Etat serait tenté de céder une bonne partie des parts qu’il détient encore dans le capital de la RAM au profit d’un transporteur aérien des pays du Golfe. On parle de 44%, mais chez le management de la RAM c’est le black out total. Pour le moment rien d’officiel n’a filtré sur une telle transaction. Pourtant, certaines indiscrétions affirment que l’Etat compte bien récupérer, à travers une telle transaction, les 145 millions d’Euros injectés dans la recapitalisation de la RAM. Cette levée de fonds devrait aussi permettre au transporteur national d’assainir ses finances, de financer l’achat de nouveaux appareils pour rajeunir sa flotte qui compte aujourd’hui près de 40 appareils moyens et longs courriers, et de pouvoir contribuer à la dynamisation des flux touristiques. S’agissant de l’identité du futur acquéreur, les noms de trois grandes compagnies du Golfe reviennent sur les langues.

Il s’agit du transporteur émirati Etihad Airways qui partage déjà ses codes avec la RAM, de la Saudi Arabian Airlines qui a rejoint l’alliance SkyTeam, et du Qatar Airways qui s’est allié tout récemment avec Oneworld. Acculé de réduire ses charges publiques, l’Etat marocain a-t-il vraiment le choix d’ajourner cette transaction ? Ce n’est pas si sûr vu la conjoncture économique nationale actuelle. Tout dépendra donc du montant de l’offre.