Affaire Hajar Raissouni : Le Parquet révèle les détails

La sortie du Procureur général du Roi près le Tribunal de première instance de Rabat, jeudi a permis d’éclaircir les choses dans l’affaire de la journaliste de Hajar Raissouni, arrêtée en compagnie d’autres personnes dont un médecin, notamment pour avortement.

Ainsi, le Procureur général du Roi affirme que les  poursuites judiciaires engagées contre la  journaliste ne sont pas liées à son statut professionnel, mais sont motivées par des actes relatifs à l’avortement.

L’arrestation de l’intéressée, qui n’a aucun lien avec son statut de journaliste, est intervenue de manière fortuite suite à sa visite à une clinique, qui faisait l’objet d’une surveillance sur la base de renseignements reçus par la police judiciaire au sujet de pratiques récurrentes d’opérations d’avortement, a précisé le Procureur général dans un communiqué.

La poursuite en justice de la personne concernée n’a rien à voir avec sa profession de journaliste, mais a trait à des faits considérés par le Code pénal comme des crimes. Il s’agit de la pratique de l’avortement de manière régulière, du consentement de se faire avorter par autrui, de la participation à cette opération, et de la débauche, conformément aux articles 444, 450, 454, 490 et 129 du Code pénal, a souligné la même source.

Pour le Procureur, le document relayé  dans les réseaux sociaux comme étant une expertise médicale, n’est qu’un simple bulletin de consultation de la concernée, réalisé le 31/08/2019 par le médecin de permanence au service des urgences de la maternité, portant des constatations dans l’attente de faire des analyses et des prélèvements sanguins.

Suite à ces analyses, une expertise a été effectuée et a été soumise le 04/09/2019 au tribunal. Il en ressort que l’intéressée a déclaré au médecin avoir procédé à l’interruption volontaire d’une grossesse non-désirée à la 7-ème semaine dans une clinique privée dans la matinée du 31 août 2019 et qu’elle avait subi auparavant un avortement spontané tardif de six mois.

Cette expertise comprend également les résultats des analyses effectuées par le médecin et qui font état d’une interruption de grossesse sur la base de plusieurs analyses mentionnées dans le rapport d’expertise, dont la présence de l’hormone de grossesse (BHCG), qui confirme que l’intéressée était enceinte, la présence de signes de grossesse lors d’une auscultation du col de l’utérus avec un spéculum, l’absence du sac de grossesse révélée suite à une échographie et la présence de restes de tissus sanguins.

De même, le rapport du laboratoire de la police scientifique, qui a mené des tests ADN sur les échantillons et les traces biologiques recueillies dans la clinique, reçu le 05/09/2019, a révélé une empreinte génétique féminine conforme à celle de l’intéressée, à partir d’échantillons prélevés de l’éprouvette et des tâches rougeâtres prélevées sur le mouchoir en papier, les pansements médicaux et les gants, ainsi que sur la seringue utilisée sur l’intéressée, poursuit la même source.

Le procureur général précise que cette mise au point intervient suite à la publication par certains médias et réseaux sociaux, qui ont traité le sujet, d’un ensemble de faits inexacts, qui ont dénaturé certains éléments de l’enquête diligentée par la police judiciaire, en prétendant par exemple que cette journaliste a été visée en raison de son appartenance à une entreprise médiatique précise, a été arrêtée sur la voie publique et en évoquant le rejet par l’expertise médicale de toute opération d’avortement.