La paix sociale a son prix

L’heure est venue pour reprendre le dialogue autour de la paix sociale. Le gouvernement est vivement sollicité par les centrales syndicales les plus représentatives pour la reprise du dialogue social. Après l’adoption ce mercredi de la loi de finances 2012, un deuxième round du dialogue social est annoncé pour le 19 avril prochain. Les syndicalistes souhaitent que cette nouvelle session de dialogue qui intervient sur fond de tensions et de protestations sociales, puissent donner satisfaction au moins en partie, à leurs nombreuses revendications. Mais, le gouvernement Benkirane est-il matériellement et financièrement prêt à répondre positivement aux doléances des cinq centrales syndicales à l’heure où l’économie nationale traverse des moments difficiles et où les caisses de l’Etat sont pratiquement à moitié vides. Le malheur du gouvernement conduit par les islamistes c’est qu’il hérite des promesses et des engagements donnés par le précédent gouvernement de l’istiqlalien Abbas El Fassi, aux syndicalistes qui exigent à présent l’application rapide de l’accord du 26 avril 2011. Pour eux, crise ou pas crise, l’actuel gouvernement doit mettre la main à la poche pour acheter la paix sociale. Déjà, pour mettre un terme aux mouvements de grèves répétitifs qui saignent à blanc les caisses de l’Etat, Benkirane est allé jusqu’à menacer d’adopter une nouvelle loi légalisant les prélèvements sur les salaires des grévistes. Réagissant à chaud à cette annonce, les centrales syndicales ont accusé le gouvernement Benkirane de vouloir se désengager de l’accord du 26 avril dernier et de chercher à imposer par la force la loi sur la grève.
Mais Benkirane rapplique en affirmant que l’essence de ce projet de loi répondait au principe « salaire contre travail » largement diffuse dans les grandes démocraties (France, GB, USA).
Pour ce nouveau round, il s’agit d’abord de définir la méthodologie de travail qui sera suivie pour le traitement des revendications du secteur public, comme l’explique Miloudi Moukharik, secrétaire général de l’UMT. Parallèlement, il sera question de fixer les points prioritaires à inscrire à l’ordre du jour du dialogue social 2012-2013.
Parmi les principales revendications, les syndicalistes évoquent la revalorisation des salaires, la révision de la grille des échelles de promotion et la révision des taux de l’IR. La révision des statuts de base de la fonction publique et du système de la Caisse de retraite sont aussi parmi les points prioritaires sur lesquels les deux partenaires doivent trouver un terrain d’entente. Les syndicalistes exigent également la généralisation de l’indemnité sur l’affectation dans les zones difficiles, pour qu’elle ne reste plus limitée, aux seuls secteurs de la Santé et de l’Enseignement. En fin de parcours, estiment certains observateurs avertis, les syndicalistes n’auront que des miettes, du moins pour cette année de vaches maigres, où les principaux indicateurs de l’économie s’affichent en rouge.