Maroc- formation du gouvernement : premier casse-tête pour Benkirane

Abdelilah Benkirane n’aura pas eu le temps de savourer la nette victoire de son parti aux élections du 25novembre. Deux jours après avoir été nommé chef du gouvernement par le roi, le dirigeant islamiste se retrouve à faire l’équilibriste pour former une difficile coalition gouvernementale. Car bien que disposant d’un quart des sièges au Parlement, le PJD est privé d’une majorité absolue qu’il doit compléter par des alliances pouvant se révéler incohérentes.

 Le PJD se trouve dès le départ confronté à deux contraintes de taille : Il doit d’une part assurer une majorité pour gouverner, ce qui inclut inévitablement des alliances avec des partenaires peu commodes ou peut-être pas souhaités. D’autre part, le parti manque d’expérience dans la gestion gouvernementale et de cadres rompus aux affaires de l’Etat. Et là aussi, il est contraint d’aller chercher ces précieuses compétences chez d’autres partis. L’Istiqlal apparaît comme l’allié naturel des islamo-conservateurs. Il est arrivé deuxième avec 60 sièges. Mais la direction du vieux parti nationaliste est encore divisée sur la participation à un gouvernement PJD où l’Istiqlal serait marginalisé. L’Istiqlal serait plus enclin à voir l’USFP et le PPS, ses deux partenaires dela Koutla, rejoindre le gouvernement. Mais là encore, l’état-major de l’USFP est déchiré sur la participation du parti socialiste à un gouvernement conservateur, qui plus est dirigé par des islamistes, fussent-ils modérés. Une partie de la direction de l’USFP craint en effet qu’une participation au gouvernement en position de faiblesse achève de dégoûter ce qui reste de l’électorat du parti. Du côté du PJD, et face à des alliés aussi peu décidés, certains dirigeants n’ont pas exclu une ouverture sur le Mouvement Populaire (MP) et l’Union Constitutionnelle (UC), deux formations de droite qui avaient noué une alliance préélectorale avec le PAM, l’ennemi juré des islamistes. Toutefois, d’autres figures du parti de la lampe préfèrent s’en tenir à une coalition PJD-Koutla, question d’affinités autour d’un programme gouvernemental efficace. D’autant plus que la prochaine équipe est attendue sur des sujets aussi brûlants que le déficit budgétaire, l’explosion de la caisse de compensation, la réforme de la justice, l’éducation… On le voit, la tâche du premier chef de gouvernement sous la nouvelle Constitution n’est pas de tout repos.

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