Maroc – gouvernement : Benkirane tiendra-t-il ses promesses électorales ?

A présent qu’il a été officiellement nommé par le Roi Mohammed VI au poste de chef de gouvernement, le patron du Parti Justice et Développement (PJD), Abdelilah Benkirane devrait subir avec succès l’épreuve du saut d’obstacles. IL doit impérativement trouver des alliés solides pour former un cabinet adossé à une majorité confortable que seuls de grands partis sont en mesure de lui offrir.

Après l’euphorie de leur victoire historique aux législatives anticipés du vendredi 25 novembre, les dirigeants islamistes devraient à présent surmonter le difficile obstacle de ces alliances avant de se mettre au travail et de penser aux promesses faites à leurs électeurs et à travers eux, à tous les Marocains. Des promesses que les observateurs jugent très difficiles à tenir, compte tenu de l’état actuel des finances publiques mais aussi de la délicate situation que traversent les principaux partenaires du Maroc, notamment les pays de l’Union européenne et les Etats Unis, frappés de plein fouet par la crise économique et financière internationale. Le PJD qui a été pendant plus de 14 ans dans le camp de l’opposition, avant d’être propulsé par les urnes à la tête du prochain gouvernement, doit bien faire ses calculs, tant pour choisir ses alliés, que pour donner forme à son programme dévoilé lors de sa campagne électorale. S’agissant des alliances postélectorales, Abdelilah Benkirane a déclaré que sa formation n’excluait aucun parti politique, hormis le Parti Authenticité et Modernité (PAM) de Fouad Ali El Himma. Cependant, outre le Parti de l’Istiqlal qui a exprimé le désir de faire partie du gouvernement Benkirane, à la date d’aujourd’hui, tous les autres partis ne se sont pas encore formellement prononcés à ce sujet. Au sein de la coalition pour la Démocratie ou le G8, le PAM et le Rassemblement National des Indépendants (RNI) ont déjà annoncé la couleur en optant de se mettre dans le camp de l’opposition. L’autre défi qui attend le gouvernement Benkirane, ce sont les promesses préélectorales du PJD. Le futur exécutif devrait faire preuve de bonnes prestations dans le volet économique et social. Sachant que ce qui intéresse le plus les Marocains, dont la majorité appartient à la classe sociale la plus démunie, c’est surtout leur niveau de vie, l’éducation, la santé, l’habitat et l’emploi. Tous des secteurs budgétivores, alors que les recettes actuelles du trésor public et des collectivités locales ont bien des limites. Au chapitre des grands chantiers socioéconomiques l’équipe de Benkirane devra vraiment faire preuve de génie pour pouvoir honorer ses engagements électoraux que certains observateurs avertis, qualifient d’ores et déjà d’exagérés. Les mêmes observateurs se demandent si les co-équipiers de Benkirane vont trouver les moyens financiers de garantir au pays un taux de croissance de 7 pc, de réduire de deux points le taux de chômage et encore plus, de baisser de moitié le taux de pauvreté et d’augmenter en même temps, de près de 40 PC le revenu individuel à l’horizon 2014-2015.
La mission des futurs élus au gouvernement PJDiste est loin d’être une tâche aisée. Abdelilah Benkirane et son équipe doivent bien se retrousser les manches, car ils auront sûrement du pain sur la planche.

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