Elections législatives anticipées : les partis sont ils prêts ?

La nouvelle a pris de court. Le référendum sur la réforme de la constitution devrait avoir lieu début juillet et les élections anticipées devraient être organisées début octobre.
Cette accélération du calendrier, voulue vraisemblablement par Mohammed VI, sonne le début de la course contre la montre.

Il va falloir, en moins de trois mois, choisir les candidats aux législatives, élaborer le programme électoral et la stratégie de communication ainsi que  trouver des moyens de financement, si possible légaux et transparents cette fois-ci. Les partis n’ont donc pas le droit à l’erreur car leur incombe la lourde tâche d’effecteur leur « aggiornamento » doctrinal tout en lançant une opération de moralisation de leurs troupes, afin de tenter d’être à la hauteur du défi qui se dresse devant eux.
A cela il faut ajouter les réformes prévues, les textes de lois à amender et les nouveaux textes à adopter. Textes dont au moins une dizaine se rapportent, directement ou indirectement, au processus électoral. Certains partis paraissent néanmoins moins préparés que d’autres. Pour le PJD,  le temps se fait court mais « le (parti) sera prêt s’il n’a pas d’autre choix » affirme Lahcen Daoudi. Idem pour l’USFP même si le parti de la rose aborde la question sous un angle différent, estimant avoir été l’un des plus gros contributeurs auprès de la commission constitutionnelle, et jouissant donc d’une légitimité à prétendre aux premières places. Le RNI,  quant à lui, verrait plutôt d’un bon œil les élections anticipées, et a déjà mis en place une stratégie virale agressive, dont le vaisseau-amiral est un site internet flambant neuf .Il faut dire que le parti conservateur dispose d’une bonne longueur d’avance en termes d’informations, puisque le grand argentier du royaume, Salahedinne Mezouar, est en position privilégiée pour connaître la date des élections, devant programmer leur…budget. Pour Mezouar, la paralysie des secteurs de la santé, de l’enseignement ou encore de la justice fait que le Maroc ne peut se permettre d’attendre que les partis soient prêts, ces derniers devront donc s’adapter.

Globalement, trois attitudes se profilent. Un premier groupe, issu de la majorité gouvernementale,  adhère totalement à l’idée des élections anticipées. Le second groupe, constitué des petits partis d’ « appoint » estime que l’entrée en vigueur de la constitution devrait précéder les élections d’au moins six mois. Enfin, les partis d’opposition, aimeraient dans leur ensemble que des mesures de transition soient prévues par la nouvelle constitution, permettant ainsi le maintien des institutions actuelles jusqu’en septembre 2012, voire la nomination d’un gouvernement resserré de technocrates qui emmènerait le pays jusqu’à l’automne de l’année prochaine. En tout état de cause, ces attitudes divergentes posent la question du degré de préparation des appareils politiques et des partis, et de leurs résistances à cet exercice de conduite du changement qui est en passe d’être mené à travers la réforme constitutionnelle.

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