L’huile d’olives marocaine donne du fil à retordre aux oléiculteurs californiens

Après la tomate marocaine qui fait tout le temps râler les agriculteurs espagnols, c’est autour de l’huile d’olive made in Morocco qui donne du fil à retordre aux oléiculteurs de la Californie. Pour se défendre de la rude concurrence marocaine, ces derniers sont montés tout récemment au créneau pour exiger du gouvernement fédéral de suspendre son aide à la culture de l’olivier au Maroc. Les producteurs d’huile d’olive américains concentrés essentiellement en Californie, reprochent à leur gouvernement de fournir une aide substantielle au Maroc à travers le programme du Millenium Challenge Corporation (MCC), et de favoriser ainsi et de manière indirecte leurs concurrents marocains. Pour les Oléiculteurs californiens, rapporte le journal local « San Fransisco Chronicle », « la plus grande menace pour la séculaire industrie d’olive en Californie ne provient pas des aléas climatiques, des coûts de récolte inabordables ou de la rude concurrence, mais du gouvernement fédéral ».
Les Etats-Unis ont promis au Maroc – un des principaux concurrents de la Californie – des centaines de millions de dollars d’aide pour doper son secteur agricole, en réhabilitant notamment plus d’un million de plants d’oliviers existants et en plantant 150.000 oliviers supplémentaires.
Cette aide était intervenue alors que la Californie, seul Etat américain à produire et à commercialiser des olives et huile d’olive, « a été aux prises avec le Maroc et l’Espagne au sujet des marchés des olives de table dans ce pays depuis plus d’une décennie », ont déclaré au journal des producteurs locaux.
« Nous nous battons pour survivre, alors que notre pays subventionne des parties qui pourraient nous conduire à la faillite », s’est lamenté Dennis Burreson, propriétaire d’une oliveraie en Californie.
En 2007, le MCC a accordé au Maroc une aide de 697,5 millions de dollars, étalée sur cinq ans pour stimuler l’emploi dans le monde rural à travers des investissements dans projets agricoles d’arbres fruitiers, la pêcherie artisanales et dans l’artisanat. Dans le cadre de cette aide, l’olivier se taille la part du lion, puisque cette culture en reçoit 80 % des 320 millions de dollars destinés à l’arboriculture, notamment les palmiers dattiers, les figuiers et les amandiers qui figurent aussi parmi les principales cultures en Californie.
En réaction aux inquiétudes des agriculteurs californiens, Patrick Fine, responsable au sein du MCC, affirme ne pas croire que l’aide accordée au Maroc va nuire aux producteurs de la Californie. Le projet, explique-t-il, est « conçu pour aider les familles rurales pauvres à accroître leurs revenus et contribuer à développer un solide allié dans une région importante dans le monde ».
« Je comprends le point de vue des producteurs d’olives en Californie », a soutenu Patrick Fine, précisant que ces derniers ne devraient pas se lamenter puisque selon une étude du MCC, la production d’huile d’olive en Californie couvre à peine à 50 pc de la demande du marché américain. De surcroit, précise-t-il, les jeunes arbres fruitiers plantés récemment au Maroc, ne pourront être productifs et commercialisés que dans deux ou trois ans et une grande part de cette production d’olives sera utilisé pour faire de l’huile d’olives qui est vendue à l’Espagne et d’autres pays européens.
« Nous n’accepterons jamais que les investissements du (MCC) soient une source de concurrence pour les Etats-Unis », a-t-il tranché.
Mais les producteurs californiens persistent et signent. Ils se disent convaincus que l’huile d’olive d’origine marocaine « va nuire à leurs affaires, sachant que l’huile vendue à l’Espagne est souvent raffinée et plus tard revendue comme vierge ou extra vierge aux Etats-Unis ». Ce qui est sûr, c’est qu’avant le départ  de l’actuel gouvernement, le titulaire du département de l’agriculture, Aziz Akhennouch et son staff qui peinent déjà à faire valider par le parlement européen le fameux accord agricole Maroc-UE, auront bien du pain sur la planche.