L’Algérie a-t-elle raté le coche maghrébin ?

Les dirigeants algériens ont-ils les yeux bandés ou portent-ils des œillères au point de faire rater le coche à leur pays ? C’est la grande question que plusieurs quotidiens algériens se sont résolus à poser à l’heure où l’Algérie se trouve désormais complètement out du cours des événements et mutations que connaît toute la région d’Afrique du Nord. Hier encore, le régime algérien ne s’entendait pas uniquement avec le Maroc mais également, et à un degré moindre, avec l’Egypte et la Mauritanie. Aujourd’hui, l’Algérie ne s’entend plus qu’avec elle-même, après avoir détourné le regard sur ce qui se passe en Tunisie, en Egypte et puis en Libye. Tout à fait comme elle avait rejeté les appels incessants des Marocains pour la normalisation des relations bilatérales et la réouverture des frontières restées fermées pendant plus de 17 ans. Les locataires du palais d’Al Mouradia avaient alors, jugé que le moment n’était pas encore venu pour parler de la réouverture des frontières et qu’il fallait d’abord régler les autres problèmes en suspens et à leur tête l’interminable conflit du Sahara Occidental qui envenime les relations intermaghrébines dans leur ensemble. De son côté, la presse algérienne tenue en laisse par le pouvoir et l’oligarchie militaire, s’est empressée de conclure qu’une telle réouverture servira plus les intérêts du royaume chérifien que les intérêts algériens, comme si le Maroc n’attendait que les pétro-Dinars des touristes algériens pour renflouer ses caisses, financer ses projets et améliorer son bon train de vie. Au lieu de faire la sourde oreille, l’Algérie aurait mieux fait de déployer ses bons offices et elle en a les moyens,  pour réunir autour de la même table les deux parties au conflit du Sahara Occidental, le Maroc et ces opposants, des Marocains qui ont été placés au temps de la guerre froide, à la tête d’un mouvement indépendantiste surnommé «le front Polisario», pour régler définitivement ce conflit au nom de la fraternité de deux peuples voisins. Maintenant que tous les pays du Maghreb à commencer par le Maroc en passant par la Tunisie, la Libye et l’Egypte ont fait leurs premiers pas dans ce printemps arabe qui devrait les projeter dans une nouvelle ère de démocratie réelle et d’ouverture, les médias algériens se rendent compte finalement que leur pays reste à la traîne et sera probablement contraint de faire cavalier seul dans un isolement régional quasi-total.  Devant les changements en cours en Tunisie et en Libye ou même en Egypte, l’Algérie s’est distinguée par une position et une attitude complètement « ratées » reflétant, selon les termes même de la presse algérienne, « frilosité, myopie et amateurisme » dans la gestion de ces dossiers. Le site web « TSA » (Tout sur l’Algérie) estime que c’est là « le début d’un isolement diplomatique et régional qui pourrait avoir de lourdes conséquences ».
« Dans ce Maghreb qui se dessine une nouvelle voie, l’Algérie semble avoir raté le train du changement. Si la démocratie trouvera son ancrage dans les pays voisins, le pouvoir d’Alger se trouvera bien seul dans un ensemble qui tendra à construire un avenir autre que celui dessiné par les anciens dictateurs », commente pour sa part le journal « El Watan ».
Sur un ton accusateur, comme il en a l’habitude à l’égard du Maroc et de son Sahara, le quotidien « La Tribune » estime quand à lui, que le CNT qui « n’a aucun mérite dans la chute du colonel et de son gouvernement », est composé dans son « écrasante majorité » d’islamistes (C’est bizarre personne ne s’en est aperçu!) qui n’ont pas hésité (une petite bourde, quand même, toute crue comme dessert) « à vendre des armes lourdes et sophistiquées au GSPC » (Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat). Heureusement qu’il y a les nouvelles TIC pour tout dévoiler et il est grand temps pour les vieux dirigeants arabes d’abréger leur profond sommeil pour ne pas se faire éjecter du train en marche.

 

Comments are closed.