Algérie : les vieux démons de Ghardaïa ressurgissent

La violence qui a éclaté dans la région de Ghardaïa, faisant au moins 23 morts, tués par des armes à feu utilisées par des civils, est symptomatique de la situation en Algérie, où les crises couvent souvent dans le silence avant de sauter à la figure des responsables.

ghardaiyaDans cette région située à quelque 600 km au sud d’Alger, la fracture sociale ne cesse de s’élargir depuis plusieurs années sur fond de rivalités économiques et ethniques entre arabes et berbères mozabites. Face à la nouvelle éruption sanglante, les médias et les partis politiques pointent la responsabilité du pouvoir. La présence des autorités sur le terrain est totalement inefficace à cause de « la vacance du pouvoir, de l’illégitimité des institutions, de leur absence de crédibilité», selon les propos de l’ancien premier ministre Ali Benflis.

Malade et diminué, le président Bouteflika a réuni dans l’urgence un cabinet de crise, à l’issue duquel il a confié la sécurité à l’armée. Une décision qui est loin de faire l’unanimité et qui risque d’envenimer la situation sur place, où les habitants des deux bords sont eux-mêmes armés. Pour des observateurs algériens, « la décision du président Bouteflika va exposer inutilement notre armée et affaiblir les autres institutions que sont la police, la gendarmerie et la justice ».

Si certains s’inquiètent de la militarisation de ce conflit intercommunautaire, le parti RCD a, lui, tiré la sonnette d’alarme en affirmant que cette tragédie reflète « l’incurie et l’incompétence notoire d’un système en perte de vitesse ». Le pouvoir algérien « mène inexorablement le pays à une véritable impasse institutionnelle et à un incontestable chaos ».