Les marchands ambulants, ces « saigneurs » du bitume

Le métier de marchands ambulants est un véritable phénomène urbain au Maroc. Un phénomène qui connait une croissance exponentielle dans la grande majorité des villes du Pays .Au-delà de facteurs classiques, comme l’exode rural, la pauvreté, la précarité, etc, le commerce ambulant est accentué par une nouvelle tendance : des diplômés chômeurs qui investissent de plus en plus, boulevards, rues, trottoirs et chaussées.Avec un revenu journalier pouvant aller de 100 à 400 dirhams, dépassant largement le SMIG, la tentation est grande. Autrefois l’apanage des personnes issues des campagnes ou des bidonvilles. Le commerce ambulant jouit d’une attractivité difficilement égalable.De plus, avec le contexte actuel, social et politique du Maroc, le maître mot est le laisser-faire. Une plus importante prolifération et une occupation grandissante de l’espace public s’en sont suivies. Ceci est d’autant plus vrai, qu’on assiste de plus en plus à une sorte de sédentarisation des marchands qui se fixent à des endroits précis. A cet effet, le terme ambulant semble perdre de sa pertinence et ne semble plus être adapté pour décrire la réalité.Le moindre mètre carré disponible est potentiellement exploitable. Ce qui ne manque pas d’impacter l’état de circulation (bus, taxis, conducteurs, piétons) mais aussi les commerçants qui, en plus de pâtir d’une concurrence parfois déloyale, voient leurs commerces devenir de plus en plus inaccessibles aux consommateurs, en raison des espaces occupés. Faute de mieux, ou en échange de bons procédés, certains commerçants en sont même venus à trouver une entente avec les marchands ambulants, les chargeant d’écouler leurs invendus en contrepartie d’une commission. Autre fait marquant, certains habitants prennent également part au business et vont jusqu’à louer leur seuil de maison aux marchands. Finalement, on a l’impression que tout le monde y trouve son compte !Pour remédier au problème, une première tentative d’organisation de cette forme de commerce a été mise en œuvre. Celle-ci, s’est traduite par la création de marchés pilotes, visant à réunir les marchands ambulants dans un même lieu, mais s’est finalement soldée par un échec. Reste à voir ce que l’état va proposer comme autre alternative. D’autant plus que comme le font remarquer certains spécialistes, à l’instar de l’universitaire Mohamed Laoudi. Il existe un danger latent qui réside dans l’infiltration, notamment à travers le financement de certains commerces, des marchands ambulants par des mouvements intégristes et radicaux. Plutôt inquiétant !

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