Benkirane II : le nouveau gouvernement sera jugé sur pièces

gouvernement2013Après trois mois de tractations et de conciliabules, la deuxième version du gouvernement Benkirane a vu le jour. Et vu la taille du nouvel exécutif investi jeudi par le roi Mohammed VI, on se doute bien que la partie n’a pas été de tout repos pour le chef du gouvernement.
Car, ce n’est pas à un simple remaniement qu’on assiste, mais à un nouveau cabinet restructuré en profondeur. Le nombre de ministres a été porté de 31 à 39, certains départements ont été éclatés en deux, voire en trois, juste pour y placer davantage de candidats. Il est clair que les réaménagements qui ont été dédaigneusement refusés à l’Istiqlalien Hamid Chabat, ont été plus humblement concédés par Benkirane à son nouvel allié, Salaheddine Mezouar. Le chef du RNI ayant réussi à arracher le très convoité ministère des Affaires étrangères des mains du PJD.
Toutefois, la nouveauté la plus remarquable c’est l’arrivée en force de technocrates rompus au travail de terrain, tels My Hafid Alamy qui a fait ses preuves dans le domaine économique et les investissements, ou Rachid Belmokhtar, un familier des problèmes de l’enseignement. Ce renfort est à l’évidence destiné à combler l’insuffisance de compétences qui a regrettablement marqué le précédent gouvernement. Ainsi, la désignation d’un non partisan à l’Education nationale et à la Formation professionnelle comme Belmokhtar, souligne une volonté manifeste d’extraire le domaine de l’enseignement des rivalités partisanes et des contingences politiques.
L’autre bonne nouvelle, c’est l’entrée de 5 nouvelles femmes au gouvernement après deux années où l’islamiste Bassima Hakkaoui a dû se sentir bien seule dans un gouvernement résolument masculin. Enfin, l’ancien Istiqlalien Mohamed El Ouafa qui a été rejeté sans remords par son parti, a pu sauver sa peau en héritant du poste des Affaires générales et de la gouvernance, occupé auparavant par le PJD Najib Boulif. La pénible gestation de la nouvelle équipe gouvernementale montre qu’après l’arrogance des débuts, Benkirane fait progressivement le dur apprentissage du respect de la diversité, de la pluralité des points de vue  et de la démocratie tout court.
Reste qu’après des mois d’attente dans pratiquement tous les domaines et  la quasi-paralysie dans certains secteurs, la nouvelle équipe est à présent tenue à une obligation de résultats. Un objectif qui doit certainement être  rappelé à tous par le souverain, qui inaugure ce vendredi la session de printemps du Parlement.