Que veulent au juste les magistrats marocains ?

Les juges marocains étalent en public leurs griefs. Ils sont descendus ce samedi dans la rue devant la Cour de cassation à Rabat, pour réclamer l’indépendance de la justice et une lutte accrue contre la corruption qui gangrène l’appareil judiciaire. Lors d’un sit-in, ils étaient plus de 2300 magistrats et auxiliaires de la justice à venir manifester à l’appel du Club des Magistrats du Maroc, une association nouvellement créée dans la foulée du printemps arabe. Ils scandaient des slogans réclamant plus de dignité pour les juges, des tribunaux sans corruption, une lutte contre la discrimination et l’économie de rente au sein de l’appareil judiciaire.

Les revendications des juges portaient aussi sur la mise en œuvre des dispositions de la nouvelle Constitution relatives à l’organisation du pouvoir judiciaire ainsi que l’amélioration de leurs conditions matérielles, une condition sine qua non pour l’intégrité du corps de la magistrature.

Le ministère de la Justice et des libertés n’a pas tardé à réagir aux revendications des magistrats pour apaiser leur mécontentement. Dans un communiqué publié dimanche, le département de Mustapha Ramid, se veut rassurant et se dit prêt à répondre positivement aux doléances des magistrats, appelés à contribuer de manière positive à la réforme de la justice en cours.
la question de l’indépendance de la justice, soutient-il, a été déjà tranchée puisque la nouvelle Constitution stipule que la justice est indépendante des pouvoirs exécutif et législatif. Elle interdit toute intervention dans les affaires soumises à la justice et punit quiconque tente d’influer de manière illégale sur le travail du magistrat.

Pour les revendications salariales notamment pour les magistrats de troisième, deuxième et premier grades, ajoute la même source, le projet de loi de finances 2013 prendra en compte le coût de la réforme de la justice en question, y compris les salaires de magistrats.

Malgré les bonnes intentions exprimées par le département de tutelle et des amendements constitutionnels introduits l’an dernier, les magistrats mécontents gardent encore un sentiment de frustration devant la lenteur de la réforme en cours et les nombreuses promesses qui tardent à venir.

L’appareil judiciaire qui manque d’infrastructures, d’un budget appropriés et de ressources humaines qualifiées et suffisantes, se trouve confronté, selon des observateurs, à des défis majeurs qui handicapent l’aboutissement de la réforme escomptée.

Une réforme qui sans l’implication des juges resterait, selon le président du Club des magistrats du Maroc, Yassine Moukhli, « stérile, sans intérêt et n’aura aucun effet tangible sur le terrain ». A bon entendeur salut.