CGEM : les cachotteries de Meryem Bensaleh Chaqroun

La patronne de la CGEM, Meryem Bensaleh Chaqroun aurait-t-elle pris la décision qu’il ne fallait pas ? En tout cas, son initiative d’interdire à la presse privée d’assister mercredi à sa rencontre avec le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane, a soulevé pas mal d’interrogations.

A commencer par celle-ci : la chef du patronat a-t-elle cherché à cacher des choses à l’opinion publique ? Il est difficile de trouver d’autre signification à l’initiative grave d’exclure les journalistes, à l’exception de ceux des médias publics, d’une rencontre avec le chef de l’exécutif. Pire encore, cette interdiction va à l’encontre même du discours des opérateurs marocains qui exigent davantage de transparence de la part du gouvernement dans la conduite des affaires. Surtout que Mme Bensaleh a, elle-même, insisté sur la conjoncture économique difficile qui rend indispensable « un changement de méthode ». Les observateurs ont été sidérés d’écouter la présidente de la CGEM appeler le gouvernement à encourager l’investissement par « la moralisation de l’économie ». Laquelle a besoin, toujours selon Mme Bensaleh Chaqroun, de « plus de transparence, de solidarité… », etc. La moralisation de l’économie est-elle la seule chose à avoir besoin de transparence, tout en tenant l’opinion publique soigneusement à l’écart de ce qui la concerne ? La patronne des patrons a regretté, au passage, la faiblesse du financement de l’économie à partir du marché financier, insistant sur l’évolution erratique de la Bourse de Casablanca. Justement, la santé chancelante actuelle de la Bourse n’est peut-être pas sans lien avec un manque de transparence endémique chez de nombreuses entreprises et opérateurs économiques et financiers.

Les contre-performances accumulées depuis des mois sont telles que la place casablancaise essaye de se rattraper dans l’urgence par une campagne de communication commandée à grands frais. Et il est encore prématuré de se prononcer sur les résultats de cette opération en termes d’amélioration de l’image de la place financière du pays.