Rentrée chaude pour Benkirane

Au vu des premiers échanges avec l’UMT, l’un des principaux syndicats du pays, la partie ne s’annonce pas de tout repos pour le gouvernement Benkirane sur le volet social. D’autant plus que le contexte de crise économique rétrécit la marge de manœuvre du cabinet islamiste.

Les discussions entamées lundi par le gouvernement avec Miloudi Moukharik, le secrétaire général de l’Union Marocaine du Travail, ont donné un avant-goût de ce que sera la suite du dialogue social avec les autres syndicats. A l’issue de la rencontre, le patron de la vieille centrale syndicale a rappelé les revendications salariales et sociales des travailleurs et des employés. Pour lui, les salariés ne doivent pas supporter les conséquences de choix économiques et financiers erronés. Ils ne sont pas non plus responsables des erreurs de gestion des gouvernements successifs, notamment au niveau de la Caisse de compensation qui grève aujourd’hui les finances publiques. Aussi, leurs revendications d’augmentations salariales et pour une réforme des retraites revêtent-elles un caractère d’urgence. Des demandes auxquelles le cabinet Benkirane aura du mal à se dérober, vu ses promesses de la campagne électorale. En effet, Benkirane et ses compagnons du PJD n’avaient pas hésité à faire des promesses inconsidérées d’augmentation du salaire minimum à 3000 DH, la création d’une pension de retraite minimale de 1000 DH, etc. Mais les élections sont loin derrière et Benkirane est obligé de se plier à la réalité douloureuse de la crise et à des indicateurs économiques et financiers pratiquement tous dans le rouge.

C’est ainsi qu’il apparaît que le choix du chef du gouvernement de dialoguer avec les syndicats chacun pris à part, n’est pas fortuit. En l’absence de propositions concrètes à leur faire, il préfère des discussions séparées afin d’atténuer la pression des syndicats réunis ensemble. La démarche est habile, mais suffira-t-elle pour désamorcer la grogne sociale ? Déjà, plusieurs grèves sont annoncées dans les collectivités locales, la santé, l’enseignement, sans compter les inamovibles manifestations des diplômés au chômage…