La diffamation qui tient à cœur au prince Moulay Hicham

Il est très rare de voire comparaître un membre de la famille royale devant la justice. Cette fois-ci, c’est le prince Moulay Hicham qui, depuis des années, mène sa vie à l’étranger entre le vieux continent et le pays de l’oncle Sam, qui a décidé d’aller devant les tribunaux marocains pour plaider contre une diffamation. Ce procès, prévu pour le 17 septembre prochain au tribunal de première instance de Casablanca, porte sur une plainte pour diffamation du prince Moulay Hicham, contre le député Abdelhadi Khairat, membre du bureau politique de l’Union Socialiste des Forces Populaires (USFP, opposition). Lors d’un meeting politique organisé le 2 août à la section du parti de la rose à Béni Mellal, ce dernier aurait publiquement accusé le prince d’avoir détourné vers des banques étrangères, un prêt sans garanties, de Quatre Milliards de Dirhams contracté auprès du Crédit Immobilier et Hôtelier (CIH). « Il se disait prince rouge, avocat de la démocratie au Maroc, au même moment où il détournait vers l’étranger des milliards » aurait affirmé Abdelhadi Khairat qui tient également la direction des deux organes de presse du parti « Libération » et « Al Ittihad Ichtiraki ».

Le prince rouge comme on le surnomme, a immédiatement répliqué par un communiqué dans lequel il s’est dit outré des propos du député socialiste et a annoncé son intention de porter plainte auprès des tribunaux marocains. « Je me vois obliger de me défendre, car celui qui m’accuse est un élu de la nation…Vis-à-vis de mes concitoyens et des institutions internationales où je travaille, je me dois de blanchir ma personne », explique-t-il. Et d’ajouter que « les accusations contre moi sont graves et infondées. Je m’en remets à la justice ». Le prince qui compte se présenter en personne à la barre du tribunal, a choisi pour sa défense, l’ancien bâtonnier, Me Abderrahim Berrada, un avocat très connu pour avoir plaidé dans des procès de détenus politiques ou de liberté d’expression et de certains hommes d’affaires, éclaboussés par la vague d’« assainissement » menée en 1995.

Abdelhadi Khairat a désigné quant à lui, un groupe d’avocats USFPéistes, dont le député et ancien ministre Driss Lachgar qui assure déjà la défense de Khalid Alioua ancien DG du CIH, autre membre du parti de la rose.

Selon les médias de la place, le prince Moulay Hicham cousin germain du roi Mohammed VI classé au 3e rang dans l’ordre de succession au trône alaouite, aurait laissé entendre, avant même l’ouverture du procès, qu’il comptait demander seulement des excuses du député Abdelhadi Khairat et un Dirham symbolique.

Quelle que soit son issue, ce procès va certainement faire couler beaucoup d’encre au Maroc comme à l’étranger.