La révision des prix des carburants à la pompe est-elle inévitable ?

Des rumeurs insistantes parlent d’une imminente hausse des prix des carburants à la pompe. Elle sera annoncée au plus tard, dans les deux prochains mois. Le gel des prix de plusieurs produits notamment pétroliers, a coûté au budget de l’État plus de 150 milliards de DH au cours des cinq dernières années, soit une moyenne de 30 milliards de DH par an. Pour les décideurs économiques du pays, le trésor public ne peut plus continuer à supporter le lourd fardeau de la caisse de compensation à laquelle le projet de loi de finances 2012 attribue une enveloppe budgétaire de l’ordre de 42 milliards de DH, en plus des arriérés de paiement qui s’élèvent aujourd’hui, pour les seuls produits pétroliers, à 16 milliards de DH. Or, les pétroliers qui déclarent ne pouvoir supporter que 6 milliards d’arriérés, se plaignent en plus des frais financiers qu’induisent pour eux, de tels des arriérés et qui sont actuellement de l’ordre de 800 millions de DH. Aussi, le souhait des pétroliers, est de parvenir à zéro subvention. «L’Etat ne peut se permettre de subventionner à fonds perdus certains produits qui ne bénéficient pas forcément à la population cible», soutient Adil Ziady, DG Pôle carburant & lubrifiants chez Akwa et nouveau président du Groupement des pétroliers (GPM). Même son de cloche chez Abdellatif Jouahri, gouverneur de la Banque centrale, pour qui «le budget de la Caisse de compensation a été largement dépassé pour cette année. Il faut donc une réforme qui aille dans le sens d’une redistribution équitable des revenus».
Déjà en 2011, la charge de compensation avait atteint près de 50 milliards de DH, dont les produits pétroliers se sont taillés la part du lion avec 19 MMDH pour le gasoil, 12,7 MMDH pour le gaz butane, 6,7 et 2,75 MMDH respectivement pour le fuel électricité et industriel, 1,25 MMDH pour l’essence, alors que le sucre et la farine nationale n’ont bénéficié respectivement que de 4,9 et 3,8 MMDH.
L’imminente hausse des prix des hydrocarbures à la pompe s’annonce donc, dans le sillage de la réforme en cours de la caisse de compensation, l’objectif du gouvernement étant de pouvoir fixer un plafond des charges totales de la compensation à 3% du PIB au lieu de 6,1% en 2011. Mais certains membres du gouvernement et la plupart des syndicalistes sont septiques devant de telles mesures qui risquent d’embraser davantage un climat social déjà sous haute tension.
N’empêche, la révision des prix est inévitable. Les toutes premières indiscrétions parlent d’une augmentation de 1 DH par litre le prix du super sans plomb qui se vend actuellement à 10,25 DH le litre, dont 3,1 DH de subvention. Le prix du gasoil passera de 7,5 à 8 DH le litre et le fuel industriel, subventionné à hauteur de 3.554 DH la tonne, sera, lui aussi revu à la hausse. Seul le prix du gaz butane restera inchangé, même si les prévisions de compensation dépasseront les 15 milliards de DH en 2012.