Algérie: Bouteflika sort par la petite porte

Triste destin pour celui qui rêvait de mourir au pouvoir, Abdelaziz Bouteflika est sorti par la petite porte après avoir été poussé à la démission sous la pression de la rue et de l’armée, dont le chef, le général Ahmed Gaïd Salah a gagné l’épreuve de force avec ce qu’il a appelé le « gang », comprenez le clan Bouteflika, mené par Saïd, le frère du président déchu.

Les manœuvres et louvoiements qui ont eu lieu au cours des dernières semaines au sommet de l’État, avant d’aboutir à la démission du président malade, illustrent l’extrême opacité du régime.

C’est ce qui explique la joie mesurée de la rue algérienne après l’annonce de la démission du président. Les Algériens savent que l’armée est toujours aux manettes.

Son puissant chef, le général Ahmed Gaïd Salah, était il y a encore deux semaines, l’un des principaux soutiens du président, avant de se retourner contre ce qu’il a baptisé le « gang » présidentiel lorsqu’il a senti qu’il était dans le point de mire de Saïd. Ce dernier serait en résidence surveillée à l’heure qu’il est.

Maintenant que Bouteflika quitte la scène sur la pointe des pieds au grand soulagement des Algériens, la question de la transition se pose avec acuité. La Constitution prévoit que c’est le président du Conseil de la Nation (poste actuellement occupé par Abdelkader Bensalah), qui assure l’interim pendant une période de 90 jours maximum pour l’organisation de l’élection présidentielle.

Sauf que Abdelkader Bensalah est lui-même contesté par la rue. Car, depuis un mois et demi, les Algériens ont progressivement dirigé leurs protestations non plus seulement contre Abdelaziz Bouteflika, mais contre les principales figures du régime et contre le « système » dans son ensemble.