Justice : L’étau se resserre autour de l’ex patron du CIH et consorts

Le dossier de malversation du CIH prend une nouvelle tournure avec l’interdiction faite à une cinquantaine de mis en cause, dont l’ancien PDG de la banque, de quitter le territoire national. Alors que la Brigade nationale de police judiciaire (BNPJ) poursuit sur ordre du parquet général, son enquête préliminaire sur le « dysfonctionnement dans la gestion de la banque et les dépenses liées aux unités hôtelières affiliées », Khalid Alioua, jusqu’à cette date épargné par les enquêteurs, vient d’être placé sous contrôle judiciaire, par le ministère public.
Telle que prévue par le code de la procédure pénale, pareille mesure induit « le retrait du passeport (du mis en cause) et la fermeture des frontières durant une période n’excédant pas un mois », une durée susceptible d’être « prolongée jusqu’à la fin de l’enquête préliminaire ». Donc l’ancien PDG du Crédit Immobilier Hôtelier et ancien ministre et porte-parole du gouvernement socialiste d’Abderrahmane Youssoufi, ne pourra plus prendre la poudre d’escampette comme l’a fait son prédécesseur, Moulay Zine Zahidi, condamné par contumace en août 2007, par la Cour d’appel de Casablanca à 10 ans de prison ferme. Il était lui aussi poursuivi en justice pour « dilapidation de deniers publics et mauvaise gestion » du CIH.
Pour le cas de Khalid Alioua, l’affaire a éclaté suite à la publication par la Cour des comptes, des conclusions de son audit en 2011, et qui met en cause l’ancien ministre socialiste. A présent, les enquêteurs de la BNPJ vont l’auditionner et confronter ses déclarations à celles des autres mis en cause, une cinquantaine de hauts cadres et salariés qui sont soupçonnés de tromper dans cette affaire.
Outre les dysfonctionnements relevés par les magistrats de la Cour des comptes au niveau de la gestion de la banque, le rapport parle aussi du réaménagement des hôtels et les dépenses non justifiées qui en découlent, l’octroi d’avantages indus au profit de l’ancien PDG, de nombreux responsables du CIH et de certains proches de Khalid Alioua. Ce dernier devra aussi s’expliquer sur la disparition d’œuvres d’art appartenant aux hôtels du CIH, des honoraires d’avocats exorbitants (plus de quatre millions de DH), ainsi que l’acquisition abusive d’appartements, propriété de la banque, dont l’un avait appartenu à un ex-militaire marocain qui avait alerté la presse à l’époque.
Au stade actuel de l’enquête en cours, et contrairement au cas de l’ex-DG de l’Office National des Aéroports (ONDA), Abdelhanine Benallou qui a été placé sous mandats de dépôt avec son ancien chef de cabinet Ahmed Barkellil et se trouvent en détention provisoire à la prison Oukacha de Casablanca, Khalid Alioua n’a pas encore fait l’objet d’une mise en examen. Le procès risque de prendre du temps, mais de grosses têtes vont sûrement tomber dans cette affaire de gros sous.