Abdellah Baha, l’éminence grise de Benkirane

Un des hommes de confiance sur lesquels peut compter le nouveau chef de gouvernement est sûrement Abdellah Baha. Ce dernier qui est pressenti pour le poste de ministre d’état sans portefeuille, a toujours fait figure au sein de l’état-major du Parti Justice et Développement (PJD), de bras droit et de confident du nouveau chef du gouvernement et secrétaire général du PJD, Abdelilah Benkirane.
Durant les réunions du parti, lors des moments difficiles et lorsqu’une décision devait être prise, c’est Baha qui est le premier à être consulté par le boss du parti islamiste. Lors des tractations pour la formation de son cabinet, Abdelilah Benkirane est allé même jusqu’à violer la tradition du makhzen en demandant, à ce que son compagnon de lutte partisane, puisse être présent à ses côtés lors de ses entretiens avec le Roi.
Qui est donc ce quinquagénaire à la barbe grisâtre, qu’on perçoit comme une ombre inséparable du nouveau chef du gouvernement ?
Cet ingénieur agronome originaire du Souss fait officiellement fonction de secrétaire général adjoint du PJD, dont il est d’ailleurs un des membres fondateurs en 1996 aux côtés de Benkirane et de Mohamed Yatim. Depuis cette date, le duo Benkirane/Baha sont devenus presque des inséparables, même si leur amitié remonte aux années 70, lorsqu’ils étaient tous les deux, de fervents militants de la Chabiba islamiya (jeunesse islamiste). Avec le temps, Abdellah Baha au tempérament sage, équilibré, imperturbable et mesuré, a réussi à gagner le respect et la confiance de ses pairs. Dès lors qu’il s’agit de trancher sur un sujet pertinent ou une question décisive qui engage l’avenir du parti ou la responsabilité de ses instances dirigeantes, Baha sait imposer sa parole et son point de vue avec fermeté et courtoisie, comme en témoignent plusieurs membres dirigeants du PJD.
Pour Bassima Hakkaoui qui est membre du secrétariat général du parti depuis 1999 et qui a longtemps côtoyé Abdellah Baha, celui-ci a toujours donné l’image d’un homme discret, peu bavard, non impulsif contrairement à Benkirane qui est connu pour son caractère plus spontané et très loquace. Bien cultivé, Baha, ajoute-t-elle, nous offre souvent des visions globales basées sur des faits et des expériences et réussit à les communiquer aux autres avec finesse, aisance et grande habileté.
Même si le chef du parti islamiste paraît plus ou moins autonome et maître de ses décisions, il n’hésite pas à la moindre occasion, à s’isoler avec Baha autour d’un verre de thé pour scruter sa pensée sur une telle ou telle décision ou demander son avis sur une personnalité donnée.
Pour ceux qui connaissent les deux hommes, la présence de Baha aux côtés de Benkirane, n’est pas primordiale, mais constitue pour lui un réconfort et un soutien moral, éthique et psychique. D’ailleurs l’idée de Benkirane était de créer pour son compagnon un poste « sur mesure » de chef de gouvernement adjoint, afin qu’il le remplace en cas de vacance ou d’absence forcée. Mais l’idée n’ayant pas trouvé d’écho favorable du côté du palais, Benkirane s’est contenté de lui assurer le seul poste de ministre d’état, afin de lui garantir plus de mobilité et d’aptitude à intervenir dans divers domaines.
D’ailleurs, Abellah Baha a été tout le temps considéré comme étant le second de Benkirane. Même lorsque ce dernier et Mohamed Rissouni s’étaient succédés à la présidence du MUR (Mouvement unicité et réforme), Baha occupait le poste de vice-président.
C’est ainsi que Abdellah Baha a su forger sa place dans le paysage politique en s’adjugeant l’étiquette d’homme franc, discret et surtout intègre et peu avide pour les postes de responsabilité qu’il dit tout haut, ne pas les refuser si on les lui proposait.

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