Émigration: Les tentatives avortées ont doublé depuis 2016 au Maroc

Les tentatives avortées d’émigration irrégulière au départ du Maroc ont plus que doublé depuis 2016, passant de 32.000 en moyenne chaque année entre 2003 et 2015, à quelque 65.000, a indiqué Khalid Zerouali, wali, directeur de l’immigration et de la surveillance des frontières.

La réorientation des flux de migrants vers le Maroc s’explique, tout d’abord, par le renforcement des facteurs d’appel et d’attraction en Europe enregistrés dans le sillage des vagues de migrants et de réfugiés qu’a connues ce continent, a affirmé M. Zerouali dans un entretien publié par l’hebdomadaire «Jeune Afrique» dans sa dernière livraison. Elle trouve aussi sa raison dans le contexte sécuritaire qui a un impact sur la route migratoire passant par la Libye, a-t-il ajouté.

Concernant la coopération entre le Maroc et l’Espagne dans la lutte contre la migration irrégulière, le responsable marocain a souligné que les réunions régulières du groupe migratoire permanent, créé en 2003, ont permis aux deux pays coordonner leurs actions.

Il a également fait état d’une  nouvelle ère de coopération rénovée entre le Maroc et l’UE dans le domaine des contrôles frontaliers et dans la lutte contre les réseaux. «Les contours de cette coopération, que nous voulons durable et pérenne, et non juste conjoncturelle, sont en cours de finalisation par les experts des deux parties», a-t-il précisé.

Pour ce qui est du Processus de Rabat lancé par le Maroc en 2006, Khalid Zerouali a souligné que ce Processus avait inauguré un chapitre inédit en mettant autour d’une même table les pays d’origine, de transit et de destination, observant qu’il est devenu la référence en matière de nouvelles initiatives régionales et internationales.

«C’est un cadre qui offre une vision globale intégrant des solutions structurelles en amont, notamment à travers des initiatives de développement durable en Afrique», a-t-il dit, faisant remarquer toutefois que sa mise en œuvre se heurte parfois à la primauté de la logique sécuritaire de certains pays du Nord.

Quant à l’idée d’ouvrir des centres de rétention pour les migrants interceptés en mer en dehors des frontières européennes que le Maroc a rejetée, Khalid Zerouali a relevé que cette solution a déjà montré ses limites en Europe.

«Nous n’allons donc pas transposer une mesure vouée à l’échec. D’autant plus qu’in fine cette solution ne fera que déplacer un problème sans le résoudre sur le fond». «Ce refus est également cohérent avec notre acceptation de la notion de responsabilité partagée», a-t-il ajouté.

(avec MAP)