Gouvernement Benkirane : bientôt la fin du suspens ?

L’actualité politique gagne en rythme en ce début de semaine, avec deux événements phares prévus lundi : D’une part, la réunion inaugurale de la Chambre des représentants avec des députés fraîchement élus et, d’autre part, la rencontre des quatre partis de la majorité pour arrêter (et dévoiler ?) la liste des membres du premier gouvernement de la nouvelle Constitution.

Si aucune surprise n’est à attendre du côté de la Chambre des représentants, sa présidence devant revenir à l’Istiqlalien Karim Ghallab à l’issue d’un compromis entre les partis de la majorité, c’est par contre l’expectative du côté de l’équipe gouvernementale. De fait, plus de trois semaines après les législatives anticipées du 25 novembre, le cabinet Benkirane commence à ressembler à un serpent de mer. Cette lenteur est visiblement liée à la démarche du chef du gouvernement, qui a privilégié dès le départ la politique des petits pas. Benkirane a d’abord attiré l’attention par une généreuse ouverture sur les diverses composantes du spectre politique, avant d’opter pour une alliance à quatre après le retrait de l’USFP. Le dirigeant du PJD a ensuite pris tout son temps pour négocier avec ses partenaires de la majorité. Autant de signes qui traduisent une évidente volonté de procéder par petites doses. Le tout accompagné par une stratégie de communication qui fait mouche. Ainsi, la tactique de la transparence choisie par le chef du gouvernement et ses conseillers du PJD ne semble pas déplaire à l’opinion, habituée au flou et aux rumeurs d’avant la formation des gouvernements. La médiatisation intensive et délibérée des diverses étapes des négociations avec les autres formations de la majorité, en plus de l’instauration d’un code de conduite réglementant l’action des ministres, signent ainsi la rupture avec une tradition de secret et de cachotteries largement décriée. Ce choix didactique impose toutefois des contraintes. A commencer par le rythme laborieux de la formation du gouvernement. Mais ce retard traduit peut-être davantage des difficultés réelles rencontrées par Benkirane avec ses trois autres alliés pour la répartition des postes. Les ultimes tractations portent sur des portefeuilles considérés auparavant comme de souveraineté, notamment ceux de l’intérieur et des affaires étrangères. Les autres postes auraient déjà fait l’objet d’un accord, le PJD se réservant les poids lourds des secteurs économiques et sociaux, à commencer par celui des finances, le véritable nerf de la guerre.