Abdelkrim Benatiq, la politique dans le sang

Après un parcours de syndicaliste reconnu et des années de militantisme au sein de l’USFP, Abdelkrim Benatiq a décidé de voler de ses propres ailes depuis quelques années en créant le parti travailliste. Souhaitant réconcilier le pragmatisme économique d’un Tony Blair avec le modèle d’économie sociale qu’il a toujours défendu, Benatiq fait désormais partie du G8, la coalition menée par Salahedinne Mezouar, qui ambitionne de diriger le futur gouvernement.

Labass.net : Pourquoi avoir rejoint la coalition pour la démocratie (G8) alors qu’elle est, à priori, loin de votre « ADN » idéologique ?

En politique comme dans la vie, je n’aime pas les « chapelles », être enfermé dans un carcan ou dans des cases, est, selon moi la pire chose qui puisse arriver à un militant politique, car cela signifierait que sa pensée ne peut pas évoluer et qu’il est incapable de s’émanciper du corps doctrinal dans lequel il est. Le G8 constitue une coalition au sein de laquelle il est possible de vivre dans une diversité d’idée, sans toutefois transiger sur l’ « essentiel »…

Labass.net : qu’entendez vous par l’essentiel, est ce  barrer la route au PJD ? C’est l’intention que vous prêtent pas mal d’analystes…

L’essentiel, au sein du G8, c’est préserver les acquis  fondamentaux du Maroc et partager « une certaine idée » de ce que doit être sa marche vers le développement et la consolidation de son processus démocratique. Concernant le PJD ou tout autre formation politique issue des extrêmes, je ne peux accepter qu’un adversaire politique, quel que soit sa coloration, ne dévoile pas l’ensemble de son programme et nourrisse un « agenda caché ». J’ai du respect, bien entendu, pour les dirigeants de ce parti, mais je souhaiterait qu’ils clarifient leurs positions sur des sujets essentiels pour les citoyens marocains, tels que l’héritage, l’égalité hommes femmes, le consensus autour du modèle de société.

Labass.net : En tant qu’ancien syndicaliste, que pensez vous du SMIC à 3000 DH ? Est ce réalisable ?

Je tiens d’abord à préciser qu’une fois que l’on a gouté au syndicalisme, l’on reste impliqué à vie pour la promotion des droits de travailleurs, ce qui explique que j’aie choisi, avec les instances de notre parti, de le dénommer parti « travailliste ». Pour autant, les syndicalistes sont dans leur  rôle lorsqu’ils placent la barre assez haut en termes de revendications salariales, car leur base ainsi que le processus de négociation avec le pouvoirs publics implique que l’on fixe un cap ambitieux avant de s’asseoir à la table de discussion. Pour ma part, je pense qu’une augmentation substantielle du SMIC doit avoir lieu à l’été prochain, une fois que le prochain gouvernement aura commencé à dérouler son programme et plan d’action. Pour autant l’ambition qui m’anime est de faire évoluer le salaire moyen, car le smic est aujourd’hui concurrencé par les revenus issus de métiers découlant de l’offshoring, que cela aille du classique « téléopérateur » à l’ingénieur qui assure des travaux complexes pour des multinationales.

Labass.net : A propos de prochain gouvernement, vous y pensez ?

Mon premier souhait est d’être élu dans ma circonscription de Bzou, au sein de laquelle je pense avoir nourri une relation très forte avec les électeurs.  Quant à une participation éventuelle dans un gouvernement hypothétique, quelle que soit la réponse que je vous ferais, j’aurais l’air de vous cacher mes intentions. Je vous répondrais donc ceci : si l’on estime que je peux aporter une contribution le moment venu, j’examinerais mes options avec attention.