Impôt sur la fortune : mesure populiste ou nécessité budgétaire ?

Le gouvernement a-t-il enfin décidé de prendre le taureau par les cornes face à un budget 2012 qui s’annonce chaotique ? C’est ce que laisse penser la décision d’instaurer un impôt sur la fortune, qui pourrait être intégré dans la prochaine Loi de finances. Certes, la décision a été prise dans un contexte de crise économique et de renchérissement des matières premières à l’international, avec leurs répercussions évidentes sur le Maroc. Le gouvernement se trouve ainsi accablé par des difficultés budgétaires consécutives à des interventions massives pour subventionner les produits de base. Ceci justifie amplement la décision d’imposer un impôt sur les fortunes, d’autant plus qu’il s’agit d’une revendication populaire de toujours. Elle a été de surcroît portée à bout de bras par de nombreuses formations politiques, de la majorité comme de l’opposition. Le problème, c’est que des voix s’élèvent  à présent pour chahuter indirectement cette décision, tellement bénéfique pour les finances publiques. En effet, l’impôt sur la fortune dont le projet de loi devrait être soumis vers le 20 octobre au Parlement, ira alimenter un fonds de solidarité institué récemment. Mieux encore, l’impôt sur la fortune ne devrait être qu’un juste retour des choses. Il devrait fonctionner comme un instrument de récupération partielle des subventions servies par l’Etat pour soutenir les prix des produits de base, et dont bénéficient indûment les riches au même titre que les plus démunis. Car depuis le début de l’année, le gouvernement est intervenu par le biais de la Caisse de compensation en injectant quelque 30 milliards DH pour soutenir les prix des produits pétroliers et certains produits alimentaires. Un chiffre correspondant à 5% du PIB. Ainsi, en généralisant le bénéfice des subventions étatiques à toutes les catégories de la population, la Caisse de compensation est devenue une dangereuse machine budgétivore, sans pour autant atteindre son but ultime d’aider les catégories à faible revenus et les plus défavorisés. Aujourd’hui, quels que soient les reproches qui peuvent être adressés au gouvernement pour son probable opportunisme électoraliste, il serait déplacé de le blâmer pour avoir enfin acquiescé à une juste revendication,  bien que de manière tardive.