Face au « front des 4 », la Koutlah se cherche un avenir du côté du PJD

Le paysage politique marocain est apparemment en cours de bipolarisation, avec une accélération notable du calendrier due en grande partie à l’émergence du bloc PAM/UC/RNI/MP et à sa prise de position commune de la semaine dernière pour la tenue des élections en Octobre. L’on sait désormais que ce cas de figure n’est plus envisagé, puisque la date officielle des élections sera le 25 novembre, après des tractations intenses entre le ministère de l’intérieur et les partis politiques. A cet égard, l’on ne peut que saluer la performance de Taïeb Cherkaoui, un ministre de l’intérieur qui affirme son autorité et son indépendance au fil des mois, après avoir été accusé d’être trop timoré. En réalité, une partie de l’avenir du pays s’est jouée lors de ces dernières négociations autour de la date des élections, car l’apparition de blocs de plus en plus nets favorisera une prise de décision éclairée de la part des citoyens lors des législatives, et l’on pourra véritablement mesurer l’étendue de l’influence des mouvements sociaux et de la contestation  des derniers mois. Si le bloc autour du PAM venait à connaître une débâcle lors des élections, l’on pourra alors estimer que le phénomène de rejet de son fondateur, Fouad Ali El Himma, qui avait caractérisé certaines manifestations était un phénomène profond et durable, qui dénoterai d’un ras le bol de la place importante qu’il a occupée lors de la dernière décennie, notamment lors de son –long- passage au ministère de l’intérieur. Une défaite de ce bloc signifierait donc par la même un changement de cycle politique. Au contraire, si le bloc pamiste venait à réaliser un bon score, l’on serait alors dans une configuration où les alliés de Fouad Ali El Himma pourraient revenir en force. De l’autre côté, la Koutlah semble lorgner de plus en plus sérieusement sur le PJD, visant à consolider son bloc islamo-conservateur pourtant déjà incarné par l’Istiqlal. En créant une alliance inédite avec le parti islamiste modéré, L’Istiqlal ainsi que l’USFP prendraient la position la moins risquée possible, celle qui leur garantirait presque à coup sûr de rester au gouvernement, sans toutefois être sûr d’en conserver les manettes. Si une frange de l’Istiqlal penche de plus en plus pour l’élargissement de l’alliance, la réaction de l’USFP ne devrait pas être monolithique, puisqu’il existe au sein du parti socialiste une sensibilité anti-PJD qui pourrait profiter de l’occasion pour carrément faire défection, sur fond de crise de leadership au sein du parti  de la rose.